Donnons aux anciens combattants le respect et les services qu’ils méritent

Donnons aux anciens combattants le respect et les services qu’ils méritent

 

De Carl Gannon

 

Vince Rigby, un ancien Casque bleu, est frustré. « Je n’ai plus de conseiller. Donc, je n’ai aucune idée des traitements qui existent », a-t-il déclaré récemment au Cape Breton Post.

 

Résidant de Sydney, au Cap-Breton, M. Rigby n’a plus accès à des services personnalisés depuis la fermeture du bureau d’Anciens Combattants l’an dernier. Et les vétérans de Corner Brook, Charlottetown, Thunder Bay, Windsor, Saskatoon, Kelowna et Prince George sont, eux aussi, privés de ces services cruciaux.

 

J’ai consacré toute ma carrière à aider les anciens combattants. Pendant plusieurs années, j’ai aidé des soldats, comme Vince, à monter leur dossier pour obtenir des prestations d’invalidité. C’est une tâche énorme et complexe. Il y a tellement de paperasserie, n’importe qui se découragerait. Alors, imaginez un vétéran âgé ou un militaire souffrant du trouble de stress post-traumatique!

 

Le nouveau système est pratiquement impossible à gérer, malgré tous les efforts déployés par les employés d’Anciens Combattants. Les agents de Service Canada font leur possible, mais comment peuvent-ils aider les vétérans sans même avoir accès à leurs dossiers? Et comment y arriver sans avoir été formés pour traiter des demandes de prestations de retraite et d’invalidité?

 

Le gouvernement avait pourtant garanti aux vétérans qu’il y aurait des gestionnaires de cas dans chacune des villes où un bureau d’Anciens Combattants avait été fermé. Le problème, c’est que ces derniers ne suffisent pas à la tâche. Ils ont de plus en plus de dossiers à traiter, et les vétérans sont de plus en plus frustrés.

 

Dans son rapport paru en novembre 2014, le vérificateur général Michael Ferguson a confirmé les témoignages des anciens combattants, notamment qu’un vétéran sur cinq souffrant d’un problème de santé mentale est forcé d’attendre jusqu’à huit mois pour obtenir de l’aide de l’État.

 

En outre, plus de 700 des quelque 3 000 anciens combattants qui ont fait une demande de soutien en santé mentale l’an dernier ont dû attendre plus de quatre mois. Plus de 500 n’avaient toujours pas reçu de réponse après huit mois d’attente.

 

L’an dernier, Julian Fantino, alors ministre des Anciens Combattants, avait affirmé que les vétérans ne devaient pas s’inquiéter : la fermeture des bureaux n’aurait pas d’impact sur les services. Pourtant, en décembre 2014, le ministère a déclaré forfait. Critiqué de toutes parts pour la piètre qualité des services, le gouvernement a annoncé la création de dizaines de postes de première ligne partout au pays, ajoutant que les candidats devaient être prêts à entrer en fonction le plus tôt possible.

 

Peu après, le gouvernement annonçait un financement additionnel de 200 millions sur six ans pour les services de santé mentale aux anciens combattants. Le hic, c’est que cette somme sera échelonnée sur 50 ans… Quelle insulte pour tous ces vétérans âgés qui ne bénéficieront aucunement de ces « largesses conservatrices ».

 

Erin O’Toole, le nouveau ministre des Anciens Combattants, a annoncé la semaine dernière qu’il adopterait une « approche centrée sur les vétérans ». Subissant déjà les foudres des anciens combattants, frustrés de ne pas être consultés, le ministre a promis de « créer une culture d’excellence ».

 

S’il veut vraiment améliorer les services, le ministre devrait écouter Vince Rigby et d’autres anciens combattants : « On est ici. On veut notre bureau régional. On ne bougera pas tant que le gouvernement n’aura pas fait ce qu’il doit faire : rouvrir le bureau. »

 

Pour regagner la confiance des vétérans, le gouvernement doit rouvrir les bureaux régionaux partout au pays et annuler les compressions à Anciens Combattants Canada.

À notre tour de défendre les vétérans!

 

Carl Gannon est président national du Syndicat des employé-e-s des Anciens combattants.